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Ce qu'on regarde … grandit

16 mai 2025 par
Ce qu'on regarde … grandit
Christine & Eric

On le voyait souvent, Hugo, au lever ou au coucher du soleil, chercher la lumière… mais pas pour s’en réjouir. Non, lui traquait les ombres.

Il avait ce carnet, tout gondolé, rempli de silhouettes allongées, noires et silencieuses. À chaque jour, son dessin, sa mesure.

Plus ses ombres étaient longues et sombres, plus il s’y accrochait. Comme si comprendre ses zones grises l’aiderait à s’éclairer.

 

Mais à force de regarder derrière lui, Hugo trébuchait. Il se cognait au présent. Il passait à côté de ce qui était juste là : la lumière, les rires, le vent doux sur la joue.

 

Un jour, sur un sentier de montagne, il croisa une femme aux yeux clairs, qui avançait sans hâte.

Elle n’avait pas de sac, pas de montre, pas d’ombre visible. Intrigué, Hugo lui lança :

« Et ton ombre, elle est passée où ? »

Elle sourit sans s’arrêter :

« Derrière moi, évidemment. Quand on marche à temps voulu, on est face à la lumière. On avance. Ce n’est pas elle qu’il faut regarder. »

 

Hugo resta là, figé. Ses ombres à lui devenaient pesantes.

Alors il prit une décision : il fermerait son carnet. Et s’il devait écrire, ce serait pour noter ce qu’il voyait devant lui.

Dès le lendemain, il observa autrement : les cimes dorées, les regards partagés, les chemins simples.

Et quand une ombre apparaissait, il ne la fuyait pas… mais il ne s’y attardait plus.

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