Quand nous étions enfants, combien de fois avons-nous été corrigés pour avoir dit : “Je veux une part de gâteau” ? “Non, non,” disait grand-mère avec un sourire indulgent, “on ne dit pas ‘je veux’, on dit ‘je voudrais’. C’est plus poli.” Alors, on reformulait, la voix un peu hésitante : “Je voudrais une part de gâteau, s’il te plaît.” Et grand-mère, satisfaite, nous servait une tranche, fière de nous avoir inculqué une leçon de savoir-vivre.

Les années passent, et nous voilà adultes, naviguant dans des eaux bien plus complexes. Nous hésitons à demander ce que nous voulons vraiment. “Je voudrais bien avoir ce poste,” disons-nous timidement. Mais cette fois, il n’y a pas de grand-mère pour nous sourire et nous donner ce que nous désirons. À la place, on nous glisse à l’oreille : “Affirme-toi. Dis que tu veux ce poste, que tu es fait pour ça.” Pris d’un sursaut, vous vous redressez. “Je veux ce poste,” déclarez-vous enfin, la voix plus assurée. “Je sais que j’ai les compétences pour réussir.” Et cette fois, ce n’est pas une simple part de gâteau que vous obtenez, mais une opportunité qui transforme votre carrière.
Ces deux petites phrases – “je veux” et “je voudrais” – semblent anodines, mais elles sont chargées de sens. Dire “je voudrais” peut être une preuve de politesse, mais cela peut aussi refléter un doute. À l’inverse, dire “je veux” est une déclaration claire, une affirmation de soi. Pourtant, ce n’est pas facile de passer de l’un à l’autre. Pourquoi ? Parce que, quelque part, on nous a appris à atténuer nos désirs, à les rendre acceptables, comme si vouloir, simplement vouloir, était un peu trop brut, trop exigeant.

Mais la vérité, c’est que savoir ce que l’on veut – et le dire – est une forme de courage. Cela ne signifie pas imposer ses volontés aux autres, mais simplement reconnaître ce qui est juste pour nous. Dire “je veux”, c’est s’aligner avec soi-même.
Alors, la prochaine fois que vous hésitez entre “je veux” et “je voudrais”, repensez à cet enfant devant le gâteau. “Grand-mère,” auriez-vous envie de dire aujourd’hui, “je veux une part de gâteau. Parce que je sais que je la mérite.” Et peut-être que cette fois, ce n’est pas seulement une part de gâteau que vous obtiendrez, mais bien un peu plus de vous-même.