Sous un ciel d'un bleu parfait, un enfant de sept ans s'installe dans le parc avec son père et un vieux monsieur au sourire bienveillant. Le garçon étale ses LEGO sur l'herbe, les triant minutieusement par couleur, prêt à se lancer dans une grande construction. Son père, assis à côté, observe, le regard un peu distrait, pris par les soucis de sa journée. Le vieux monsieur, un habitué des lieux, les rejoint et les regarde avec une curiosité amusée.
« Papa, tu veux m'aider ? » demande l'enfant, les yeux brillants.
Le père hésite. « Ah, tu sais, je n'ai jamais été très bon pour construire ce genre de choses... »
Le vieux monsieur, s'appuyant sur sa canne, sourit. « Mon garçon, tu vois, ton père est pris dans son ego », dit-il doucement. « Nous, les adultes, on a souvent une voix intérieure qui nous chuchote : "Si tu ne réussis pas parfaitement, ce n'est pas la peine d'essayer."
Le père, surpris, regarde le vieil homme. « Vous voulez dire que mon ego m'empêche de jouer ? » demande-t-il, amusé, mais intrigué.
« Exactement », répond le vieil homme en prenant une brique de LEGO et la posant délicatement sur la construction de l'enfant. « L'ego des grandes personnes veut qu'on prouve quelque chose, qu'on se montre à la hauteur. Mais vois ton fils. Il ne pense pas à la perfection de sa tour, juste au plaisir de la construire. C'est l'essence même de la vie à temps voulu : prendre le temps de s'aligner avec ce qui compte pour soi, sans se laisser freiner par l'exigence de faire tout parfaitement. »
Le petit garçon, concentré, ajoute une brique de plus. « Papa, ça ne sert à rien d'avoir peur de casser la tournée, on peut toujours la reconstruire, tu sais ? »
Le vieux monsieur rit. « Voilà, c'est exactement ça. Votre fils vit l'instant présent. Les enfants savent naturellement que l'essentiel n'est pas de finir la construction mais de se laisser emporter par le jeu. Nous, les adultes, on peut aussi apprendre à dire non aux injonctions de notre ego. 'Non' à cette voix qui nous dit qu'il faut réussir pour être amélioré, et 'oui' au plaisir simple d'essayer. »
Le père regarde son fils, touche la brique que le vieil homme lui a tendue, et se penche pour l'ajouter à la tour. « Alors, si je comprends bien, en apprenant à apprivoiser mon ego, je peux aussi reprendre ce goût pour construire, sans me sentir obligé de prouver quelque chose. »
« Oui, exactement », répond le vieil homme. « C'est un des principes de la méthode A temps voulu. La vie ne doit pas être une série de résultats à obtenir. C'est un processus, une construction. En apprenant à dialoguer avec notre ego et en lui donnant une place, on s'allège de cette pression et on retrouve l'envie de créer pour soi, pour l'instant présent. »
Le père se met à sourire, apaisé. Il a envoyé un poids s'envoler, comme une libération. « Tu sais quoi, fiston ? Je crois que j'aimerais bien construire cette tour avec toi. Peu importe si elle s'écroule. »
Le vieux monsieur lève les yeux vers le ciel et sourit. « Vous venez de franchiser un pas important. L'ego est un compagnon qui peut nous aider à avancer, à condition qu'on sache lui dire de ne pas tout contrôler. Avec une âme d'enfant, chaque instant devient une brique de notre édifice. On construit pour soi, à son rythme, et on avance, un pas à la fois, vers une vie plus libre, plus simple… une vie à temps voulu. »
Et ainsi, père et fils bâtissent ensemble, brique après brique, avec l'enthousiasme de ceux qui apprennent à profiter du moment sans attendre la perfection. Un matin ensoleillé, dans un parc, un enfant joue avec ses LEGO, construisant des tours colorés et des ponts qui s'élèvent au-dessus de la pelouse. À côté de lui, son père, le regard distrait, suit le mouvement de ses mains sans vraiment s'y attarder. Un peu plus loin, un vieux monsieur observe la scène en souriant.
« Papa, tu veux jouer avec moi ? » demande l'enfant avec enthousiasme, en montrant une petite tour déjà bien avancée.
Le père hésite, un peu pris par ses propres pensées. « Tu sais, je ne suis pas aussi doué que toi pour construire des tours », répond-il, en baissant les yeux vers l'enfant.
Le vieux monsieur s'approche doucement. « Ah, tu vois, petit, c'est là que ton papa se laisse jouer par son ego ! » dit-il en riant doucement. « L'ego, c'est cette voix qui murmure : 'Tu dois bien faire, tu dois réussir, ou ce n'est pas la peine !' Mais toi, tu n'écoutes que ton envie de construire, de jouer. »
Le père sourit, un peu surpris, mais curieux. « Alors, d'après vous, je devrais me mettre à jouer aux LEGO ? »
« Pas nécessairement », répond le vieux monsieur en prenant une brique de LEGO et la réception sur la tour de l'enfant. « Mais tu pourrais parler à cet ego, lui rappeler que l'important est de créer, d'expérimenter, sans craindre l'échec. L'ego des adultes veut souvent être le meilleur, prouver sa valeur. Mais il peut aussi être un bon allié, si on sait lui dire : 'Sois là pour m'encourager, pas pour me bloquer.' »
L'enfant regarde son père, amusé par cette conversation d'adultes. « Papa, viens ! Construis avec moi. Ce n'est pas grave si ça s'écroule. Sur le refait ! »
Le père sourit et prend une brique. « Tu as raison. Peut-être que je dois aussi garder un peu de cette âme d'enfant. »
À cet instant, en ajoutant une brique à la tournée, le père apprend une leçon précieuse : parfois, il suffit d'un peu moins d'ego pour retrouver la liberté de construire sa vie avec plus de légèreté.